Secteur d'activité

Les gendarmes doivent analyser un volume considérable de données pour être performants au quotidien : informations terrain, images et enregistrements audio. Les méthodes mathématiques et les algorithmes de l’intelligence artificielle (IA) viennent alors soutenir la raison d’être de la gendarmerie nationale : observer, comprendre et agir pour protéger notre société. 

C’est donc une formidable opportunité de transformation des forces de l’ordre. Gagner du temps dans l’observation et l’analyse pour agir vite et bien. Mais l’usage de lintelligence artificielle dans la gendarmerie nationale doit s’accompagner d’un cadre juridique et de transparence. Les citoyens se souviennent du film d’anticipation Minority Report ou de 1984 (Big Brother).

Quelle place occupe l’intelligence artificielle dans la gendarmerie ?

La gendarmerie observe avec attention la vague de l’intelligence artificielle générative (ChatGPT, Bard, Midjourney). Ce type d’IA augmente les opportunités criminelles. Heureusement, les gendarmes ont déjà investi ce domaine de recherche.

Un outil au service de la continuité des missions historiques de la gendarmerie

Sous l’impulsion de son directeur général Christian Rodriguez, la gendarmerie nationale déploie une stratégie de transformation (GEN 20.24). Au sein de ce plan, l’IA occupe une place centrale. Le projet CAP IA définit ainsi les modalités d’intégration et de diffusion de l’intelligence artificielle. L’objectif vise à construire une IA de confiance au service de la sécurité des citoyens.

L’intelligence artificielle existe donc déjà dans la gendarmerie. C’est un outil qui augmente l’intelligence du gendarme : vitesse de traitement et aide à la décision. Grâce à l’IA, repérer un véhicule recherché dans des milliers d’heures de vidéosurveillance devient rapide. Et les données peuvent être compilées et traitées en temps réel. Avec l’IA, les gendarmes gagnent désormais en efficacité. 

Des projets de recherche et de développement en intelligence artificielle

La gendarmerie nationale souhaite développer l’IA dans chaque domaine de compétence. Plus de 50 projets de recherche et de développement (R&D) sont ainsi menés actuellement. La gendarmerie avance vite et bien. Ainsi le projet Authentik IA a gagné un prix aux Datacraft awards en février 2023. Ces travaux doivent aboutir à court terme à créer une aide à la détection des fausses informations sur internet et les réseaux sociaux.

Comment l’intelligence artificielle est-elle utilisée par la gendarmerie ?

En France, les forces de l’ordre utilisent l’IA dans trois domaines. Ces applications concrètes de l’intelligence artificielle dans la gendarmerie suivent le principe directeur de l’efficacité.

L’IA au service de la sécurité du public

L’IA permet aujourd’hui d’améliorer les actions de prévention et de gestion du crime et de la délinquance. 

La résolution d’enquête

Mener une enquête exige la collecte et le traitement de nombreuses données. La technologie numérique de l’IA accélère ce traitement. Elle permet aussi de révéler des éléments de ressemblance entre affaires. Ces applications accélèrent donc la détection des criminels ou des délinquants.

La planification des actions terrain

L’organisation des gendarmes sur le terrain représente un enjeu fort de la sécurité. Dans ce domaine, un système IA spécifique permet de cartographier les données de délinquance sur une zone donnée. Grâce à la technologie, le gendarme peut ainsi orienter son action sur les lieux sensibles détectés : augmentation des patrouilles, prévention, partenariat avec les autorités locales, etc. 

L’intelligence artificielle : une aide à l’expertise judiciaire en France

L’IA permet la détection par recoupement de fausses informations et de faux documents. Cette technologie améliore le travail des experts. Mais en matière de justice, la décision appartient à l’humain. Chaque décryptage de données reste donc soumis à la validation des experts professionnels. 

L’optimisation du travail des gendarmes grâce à l’intelligence artificielle

La rédaction des dépôts de plainte représente un moment fastidieux. Le gendarme doit à la fois saisir les informations et écouter le plaignant. La gendarmerie expérimente la technologie speech-to-text (STT) : un compte-rendu oral est traduit en texte instantanément. Le gendarme est libéré de la contrainte de rédaction.

Enfin, l’IA permet de sélectionner l’équipe la plus compétente sur un type d’intervention. Un système intelligent peut en effet compiler les données sur les affaires passées. Selon des critères internes de résolution, il détermine l’équipe la plus performante sur une affaire à résoudre.

De quels outils IA disposent les gendarmes ?

L’État français a mis en place des moyens humains et matériels pour la maîtrise et l’apprentissage de l’intelligence artificielle dans la gendarmerie.

La plateforme d’outils d’intelligence artificielle du Pôle judiciaire de la gendarmerie nationale

Le Pôle judiciaire de la gendarmerie nationale (PJGN) a créé une suite d’applications d’analyse criminelle. L’utilisateur de la plateforme dispose d’une véritable machine intelligente pour traiter les informations criminelles : reconnaissance d’objets dans des images, comparaison de données, etc. Cette innovation a été récompensée par Europol en 2022.

Un service d’experts au sein de la gendarmerie nationale

La gendarmerie nationale dispose d’experts en IA au sein de son service de la transformation . Le général Patrick Perrot en est le coordinateur national. Il veille à la diffusion de la culture IA au sein du corps militaire : formation (MOOC objectif IA) et sensibilisation (revue Culture IA). Il dirige également la R&D et l’expérimentation des nouvelles applications. Il est soutenu par Ysens de France, experte chargée de mission IA. L’équipe vérifie en permanence l’adéquation de leurs travaux avec le droit (respect des RGPD).

En quoi l’IA est-elle un enjeu important pour la gendarmerie nationale ?

Face à l’évolution de la technologie numérique, notre société doit se prémunir de nouvelles menaces. Pour protéger le public en toute confiance, la gendarmerie nationale doit répondre à trois exigences :

  • la maîtrise et l’apprentissage de l’IA ;
  • l’utilisation transparente des données ;
  • la prédominance de l’humain dans l’utilisation de l’IA.

Comment l’IA aide la gendarmerie à lutter contre la cybercriminalité ?

Internet et les réseaux sociaux génèrent une masse de données (images, textes, audio) incontrôlable sans l’IA. Face à la cybercriminalité, la gendarmerie oppose désormais la cybersécurité

L’IA, la stratégie des gendarmes pour lutter contre la pédocriminalité

En matière de cybersécurité, l’IA permet de repérer les contenus condamnables. Ainsi, les gendarmes ne parcourent plus les sites internet pour traquer la pédocriminalité : le décryptage des images et des textes est réalisé automatiquement par l’IA. La machine travaille comme une sentinelle.

L’intelligence artificielle aide la gendarmerie contre les hypertrucages

Les deep fake (hypertrucages) représentent une menace pour la sécurité. Grâce à un système IA, la gendarmerie peut discerner le faux du vrai dans un contenu : discours, image ou texte. Dans le cadre de la lutte contre le complotisme, l’IA permet ainsi de lutter contre la désinformation. L’essor de l’intelligence artificielle dans la gendarmerie dope aussi la cybersécurité contre les réseaux génératifs adverses (GAN). Il s’agit ici de lutter contre la déstabilisation de nos institutions : désinformation ciblée de source criminelle ou terroriste.

Quels sont les risques de l’utilisation de l’IA au sein de la gendarmerie ?

L’IA doit soutenir l’action des forces de l’ordre dans le respect d’un cadre juridique. Le droit impose le signalement de toute utilisation de l’IA par les gendarmes. Le risque existe lorsque lurgence de sécurité efface l’éthique. La charte IA éditée par le corps militaire vise à éliminer cette menace.

De plus, l’IA peut induire un risque d’accoutumance pour les gendarmes. Habitués à l’efficacité de la machine, les gendarmes peuvent se reposer sur ses résultats d’analyse. La disparition de l’intelligence humaine dans la prise de décision peut alors induire des erreurs.

Enfin, une intelligence artificielle mal configurée entraîne également des biais d’analyse et de décision. L’intelligence artificielle dans la gendarmerie exige une rigueur et une discipline. L’humain doit rester l’artisan de la performance de l’IA.

Comment l’IA sera-t-elle utilisée à l’avenir dans la gendarmerie nationale ?

La stratégie IA de la gendarmerie repose sur la confiance et la transparence. Tous les projets se développent donc dans le respect de cette éthique.

Le projet de reconnaissance faciale par l’IA

Pour les Jeux olympiques de 2024 en France, la gendarmerie souhaitait utiliser la reconnaissance faciale. Repérer automatiquement des individus dangereux visait à améliorer la sécurité de la compétition. Mais la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) s’est opposée à cette utilisation de l’IA. La protection des citoyens ne doit pas se faire à leurs dépens. Un cadre juridique reste à construire pour utiliser dans un futur proche la reconnaissance faciale.

Le projet de reconstitution virtuelle d’une scène de crime grâce à l’intelligence artificielle

La reconstitution de la scène d’un crime est chronophage et coûteuse. Grâce à l’IA, cette étape cruciale peut se réaliser virtuellement. Les données connues sont compilées. Et l’IA permet de croiser la version du prévenu et celle des parties civiles. Elle révèle les écarts et les incohérences. Elle permet en particulier de lever des doutes sur la réalisation technique des actions réalisées par le prévenu et la victime. L’IA devient une aide à la décision précieuse pour la justice.

L’intelligence artificielle dans la gendarmerie représente donc une opportunité pour améliorer notre sécurité. Sa maîtrise et son apprentissage doivent néanmoins se réaliser dans le respect du droit. C’est à cette condition que la relation de confiance de la gendarmerie avec l’usager sera maintenue.